Notre histoire débute dans le combat pour la libération de la France, au cœur de la Seconde Guerre mondiale.
Le 18 juin 1940, le général de Gaulle appelle les Français à refuser la capitulation. À Londres, des volontaires le rejoignent pour continuer le combat. Certains optent pour la clandestinité, au péril de leur vie. Une poignée d'entre eux seront faits Compagnons de la Libération.
Nous cultivons l'héritage de ces femmes et de ces hommes exceptionnels et nous sommes fiers de nos valeurs : la loyauté, l'exigence, la discrétion et l'adaptabilité.
« Nous portons, au plus profond de nous-même, l’expérience de l’action clandestine. »
Le 1er juillet 1940, le général de Gaulle demande à André Dewavrin de créer le service de renseignement de la France libre. L'objectif : disposer de renseignements fiables obtenus en territoire occupé.
Jeune polytechnicien de 29 ans, André Dewavrin, n’a aucune expérience du renseignement mais c'est un organisateur de génie. Sous l’alias de Passy, il met au point une structure inédite, chargée non seulement de recueillir et d’analyser le renseignement, mais aussi de mener des actions clandestines contre l’occupant. Ce modèle intégré, unique au monde, est aujourd’hui encore celui de la DGSE.
En 1942, le service de renseignement de la France libre prend le nom de Bureau central de renseignement et d’action (BCRA). La DGSE en est aujourd’hui l’héritière.
Les agents du BCRA accomplissent de multiples missions en territoire occupé : sabotage, évasion, parachutage de matériel, constitution et développement de réseaux de résistance. Ils communiquent avec Londres par des liaisons radio chiffrées. Et toujours clandestinement.
Ces actions permettent d’unir la Résistance française derrière le général de Gaulle. Les renseignements obtenus par le BCRA, pour leur part, contribuent grandement au succès des opérations militaires menées par les Alliés. Le BCRA joue à ce titre un rôle important afin de permettre à la France de siéger à la table des vainqueurs.
Au début de l’année 1943, le général de Gaulle cherche à asseoir son autorité dans la Résistance intérieure.
Jean Moulin, le représentant du Général à Lyon, a déjà réussi à rassembler les mouvements de la Résistance en zone Sud. Mais en zone Nord, tout reste à faire.
Le général de Gaulle décide d’envoyer à Paris : le colonel Passy (alias Arquebuse), chef du BCRA, et Pierre Brossolette (alias Brumaire), son numéro deux. En quelques semaines, dans la clandestinité, ils réussissent à unifier les cinq principaux mouvements de résistance de la zone Nord, dont les communistes, et à les coordonner sous les ordres d’un seul chef, le général de Gaulle.
La mission Arquebuse-Brumaire rend possible l’unification des différents mouvements au sein du Conseil national de la Résistance (CNR). Ce dernier se réunit pour la première fois le 27 mai 1943. Dès lors, les Alliés ne peuvent plus douter de la légitimité du général de Gaulle.
En novembre 1943, l’état-major du général Eisenhower imagine une opération pour permettre aux Alliés de disposer de relais sur le terrain au moment du Débarquement.
Ce plan s'appuie sur la capacité des officiers de renseignement du BCRA, entraînés par les Américains et les Britanniques, à s’infiltrer en territoire occupé.
À partir de février 1944, 108 agent français sont ainsi parachutés par binôme (un observateur et un opérateur radio) entre l’extrémité du Finistère et la frontière franco-belge : seulement quatre ont plus de trente ans ; deux sont des femmes.
Ces binômes ont pour mission de se fondre dans la population et de transmettre aux Alliés des renseignements sur les activités de l’ennemi (présence des Allemands, emplacement des stocks d’armes et des dépôts de carburant).
Les renseignements obtenus grâce au plan Sussex se révèlent déterminants le Jour J.
L’Ordre de la Libération a été créé le 16 novembre 1940. Le général de Gaulle voulait ainsi distinguer les femmes et les hommes qui avaient pris tous les risques pour libérer la France. Celles et ceux qui ont reçu cette distinction sont appelés Compagnons de la Libération : ils ne sont que 1 038.
174 Compagnons de la Libération ont été membres des services de renseignement français, au premier rang desquels le BCRA. Parmi eux, 60 sont morts pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale.
Si nous sommes toujours aujourd'hui un service de renseignement et d’action, c'est grâce à cette filiation. Nous sommes les héritiers de ces agents au destin extraordinaire.
Découvrez le visage de cinq d'entre eux.
« A côté de vous, parmi vous, sans que vous le sachiez toujours, luttent et meurent […] les hommes du combat souterrain pour la libération. […] Saluez-les, Français ! Ce sont les soutiers de la gloire ! »
Numéro deux du BCRA
Pour matérialiser cette filiation entre le BCRA et la DGSE, nos personnels militaires se sont vus remettre le 17 septembre 2018 par la ministre des Armées, Florence Parly, la fourragère de l’Ordre de la Libération.
Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération, était présent lors de cette cérémonie dans la cour d'honneur de l'Hôtel national des Invalides. Ce fut un moment fort et émouvant pour tous les membres de la DGSE.
La fourragère de l'Ordre de la Libération se compose d'un cordon mêlé de fils verts et noirs. Ces couleurs représentent le deuil du pays opprimé et l’espérance de la Patrie.
De plus, en intégrant la DGSE, chaque civil ou militaire reçoit un insigne de filiation portant la croix de Lorraine, sur lequel est inscrite la première partie de la devise de l’Ordre de la Libération : Patriam servando (En servant la Patrie).
C’est un engagement qui implique des renoncements et parfois des sacrifices.
Pour honorer la mémoire des femmes et des hommes qui ont perdu la vie dans l'exercice de leur mission, le président de la République Emmanuel Macron a inauguré notre monument aux morts le 8 novembre 2019.
Ce monument rend hommage aux héros qui, depuis la création des services secrets de la France libre jusqu'à aujourd'hui, sont morts pour la France, dans le plus grand secret. Chacun d'eux est représenté par un bleuet, symbole des combattants tombés pour notre pays. Cette fleur française poussait dans la boue des tranchées de la Première Guerre mondiale. Fleur du sacrifice, elle est aussi celle de l'espoir.
L’année 2022 a été marquée par un double anniversaire : les 80 ans du Bureau central de renseignement d’action (BCRA), et les 40 ans de la DGSE.
Elle témoigne de l’héritage historique des services secrets français et de l’importance de leur rôle – toujours attendu, souvent déterminant et parfois décisif – au service de notre gouvernement.
À l’heure du terrorisme, de l’ingérence économique, des menaces cyber et du retour de la guerre en Europe, nous demeurons les héritiers du BCRA et de son modèle unique, spécial et intégré. Il est celui d’un service de renseignement et d’action clandestine. Cet atout majeur nous permet d’innover sans cesse pour accomplir notre mission : protéger les intérêts français partout dans le monde.
Du BCRA à la DGSE, des générations de femmes et d’hommes ont accompli et accomplissent toujours un travail extraordinaire, fait d’engagements forts, de renoncements, de sacrifices.
Cette année mémorielle s’est concrétisée par l’organisation de divers événements.